L'élévation

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Le terme élévation désigne en architecture le dessin géométrique représentant une face verticale intérieure ou extérieure d’une construction.

On utilise fréquemment l’élévation intérieure d’une travée pour décrire une église romane ou gothique. Nous complèterons cette description par des vues de l’élévation extérieure.

Comme pour le plan nous utiliserons quelques schémas simplifiés pour servir de repères parmi toutes les variantes existantes d’élévations romanes et gothiques. Ce sont des dessins géométraux qui indique la disposition, la forme et les dimensions des différents éléments de l’élévation sans tenir compte de la perspective. Pour cette raison les illustrations photographiques diffèrent sensiblement des schémas.

L’élévation intérieure est représentée par une coupe transversale pour servir de repère à la compréhension de l’équilibre des forces et une coupe longitudinale pour visualiser les principes de l’éclairage.



Quatre types d’élévation


Nous pouvons synthétiser grosso-modo les élévations selon quatre types :

-    Structure de type nef unique

-    Structure de type halle

-    Structure de type tribunes

-    Structure de type nef centrale surélevée



Structure de type nef unique


L’élévation se réduit à un mur percé d’ouvertures pour l’éclairage de la nef. Ce type d'élévation ne concerne que les églises à nef unique.


    élévation extérieure                               coupe transversale                                  coupe longitudinale

Le schéma ci-dessus représente à gauche l’élévation extérieure, au centre la coupe transversale, à droite la coupe longitudinale montrant l’élévation intérieure d’un édifice roman à nef unique dont les murs sont percés de fenêtres simples.


Les images ci-dessous ci-dessous illustrent les élévations extérieures et intérieures de la petite église de Sainte Ouenne (79) et de la nef de l’église de Gaillon sur Montcient (78)


Sainte Ouenne



Gaillon sur Montcient



La structure à nef unique ne concerne pas que les modestes églises rurales. De grands édifices ont adopté la structure à nef unique comme, par exemple, la cathédrale d’Angers (49) ou des édifices dont la nef est couverte d’un alignement de coupoles comme à Solignac (87).


Angers (Saint Maurice)



Solignac


De prestigieux édifices comme la Chapelle de l’abbatiale de Saint Germer-de-Fly (60), la Sainte Chapelle de Paris (75) ou encore la chapelle royale du château de Saint Germain en Laye illustrent l’aboutissement de l’équilibre gothique où la maçonnerie se résume aux contreforts qui soutiennent les voûtes et les murs sont en verre.

     

Saint Germer de Fly


     

Sainte Chapelle (Paris)


     

Saint Germaine en Laye


Le schéma ci-dessous illustre l’élévation des grands édifices à nef unique et les prestigieuses chapelles.





Structure de type "halle"


La nef centrale et les deux collatéraux ont pratiquement la même hauteur. Cette structure résout le problème du contrebutement de la voûte de la nef centrale en reportant les forces latérales vers les murs extérieurs qui peuvent ainsi être stabilisés par des contreforts de plus en plus puissants en fonction de la hauteur de l'édifice. Par contre l’absence de fenêtres hautes dans la nef reste un obstacle à la luminosité de l’église.

Le schéma ci-dessous représente l’élévation de ce type d’édifice.


Ce type de structure où les trois nefs sont pratiquement de la même hauteur est apparu très tôt dans la période romane pour assurer la stabilité des édifices comme en témoignent les illustrationsci-dessous à Mars-sur-Allier (58) et dans les églises Saint-Pierre et Saint Hilaire à Melle (79).



Mars sur Allier


Saint Pierre (Melle)



Saint Hilaire (Melle)


Toutefois l’appellation église halle est généralement réservée aux édifices gothiques dont les voûtes d’ogives et les minces piles donnent cette impression de légèreté et de volume à ce vaste emplacement couvert, comme dans une halle où se tient le marché.

Le schéma ci-dessous représente les élévations d’une église halle gothique (extérieure, coupe transversale, coupe longitudinale).




Ce type de structure devient difficile à réaliser pour des édifices de grande hauteur parce que l’étaiement des hautes piles sans aucun appui demande des échafaudages complexes et coûteux en bois.

Les images ci-dessous montrent l’élévation des églises de Billom (63) et de Candes Saint Martin (37) ainsi que les élévations de la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers (86).



Billom


Candes Saint-Martin        



Cathédrale Saint-Pierre (Poitiers)




Structure de type "tribunes"


L
es collatéraux comportent deux étages assurant un contrebutement solide permettant de construire plus haut. Cette structure très robuste ne fut pas poursuivie au-delà des cathédrales de Noyon et de Laon car trop coûteuses en pierres.

Ci-dessous le schéma de l’élévation d’une église romane avec tribunes illustrée par les églises d'Ennezat et Notre-Dame du Port à Clermont-Ferrand (63).



Ennezat



Notre-Dame du Port (Clermont-Ferrand 63)

La technique des tribunes pour assurer la stabilité de l’édifice fut utilisée par les architectes gothiques pour bâtir toujours plus haut en combinant les avantages qu’offrent les tribunes (stabilité) et la nef centrale surélevée (luminosité).


Ci-dessous le schéma de l’élévation d’une église gothique avec tribunes et triforium.




La cathédrale Notre-Dame de Paris (75) et la cathédrale de Noyon (60) sont bâties suivant ce principe, Noyon utilisant l’usage du triforium pour construire encore plus haut.



Notre Dame (Paris)



Noyon


Il est intéressant de noter que les trois exemples évoqués ci-dessus sont partiellement contemporains : Notre Dame du Port (1130 – 1185), Paris (1160 – 1260 ), Noyon (1150 – 1235).

Cela montre que les architectures romane et gothique ont cohabité durant une longue période.




Structure de type "nef centrale surélevée"


Cette structure concerne les édifices à 3 ou 5 nefs, c’est-à-dire à des églises ayant une nef centrale et des collatéraux de part et d’autre. La nef est plus faute que les collatéraux permettant ainsi de percer des fenêtres, appelées fenêtres hautes, pour éclairer la nef, ce qui n’est pas possible dans les structures de type église halle.

Le schéma ci-dessous illustre ce principe.




Cette structure a fortement progressé grâce aux possibilités offertes par l’évolution du couvrement depuis la période romane jusqu’au gothique. Grâce à l’invention de la voûte d’ogive et l’usage de l’arc-boutant, ce type de structure a permis de construire plus clair, plus haut et surtout plus léger donc moins cher.

L’étendue du progrès est illustrée par ces deux édifices, l’abbatiale de Saint Guilhem le Désert, dans l'Hérault (34) et  la cathédrale d'Amiens (80) en Picardie.

 

Saint Guilhem du Désert


Amiens

         

C’est dans les pages consacrées au couvrement que nous détaillons la progression de l’élévation des églises à nef centrale surélevée pour montrer la cohérence du couple élévation-couvrement dans l’évolution du roman vers le gothique et au delà.