La classification traditionnelle roman – gothique

























L’architecture religieuse médiévale couvre la période s'étendant de l’an mille jusqu’au 16ème siècle où apparaît l’architecture Renaissance née en Italie puis l’architecture classique en France à l’époque de Louis XIV.

Le terme "gothique" est apparu au 15ème siècle pour désigner l’architecture médiévale avec une connotation péjorative (les Goths étaient un peuple barbare) pour l’opposer à l’architecture de l’Antiquité et au renouveau architectural de la Renaissance.

À la fin du 18ème siècle les romantiques découvrent le charme des ruines médiévales et font renaître l’intérêt pour l’architecture de cette époque. Le "gothique" revient à la mode.

Au 19ème siècle, notamment sous le second Empire, l’intérêt pour l’architecture passée se développe par la création de la SFA (Société Française d’Archéologie), l’institution de la commission des Monuments Historiques avec l’impulsion donnée par Prosper Mérimée pour leur protection et leur sauvegarde, les volumineuses études d’Eugène Viollet-le-Duc et d’Auguste Choisy, ainsi que beaucoup d’autres initiatives menées par les historiens de l'art. 

Il devenait alors réducteur de globaliser toute l’architecture du 11ème au 15ème siècle sous la seule dénomination "gothique" car durant cette période de 500 ans les progrès culturels, scientifiques et techniques ont été considérables.

Par exemple le style architectural, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de l’édifice, a beaucoup évolué entre l’église d’Aulnay (Charente Maritime – début du 12ème siècle) et la cathédrale d’Amiens (Somme – fin du 13ème siècle).




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Naissance du terme "roman"

En 1818 l’historien et archéologue Charles de Gerville introduisit le terme "roman" pour nommer l’architecture du début de l’époque médiévale, le terme "gothique" devenant réservé à ce qui n’est pas "roman". Ce terme fut ensuite repris par Arcisse de Caumont, fondateur de la Société Française d’Archéologie, mais les définitions de ce qui caractérise le roman et le gothique du point de vue architectural restent très floues, imprécises et parfois subjectives.

La classification roman / gothique, totalement légitime comme nous le voyons sur la photo ci-dessous de la cathédrale de Beauvais, s’appuie souvent sur le saut technologique qu’ont apporté l’arc brisé, la voûte d’ogive et l’arc boutant. Cette vision est cependant trop réductrice pour rendre compte de la formidable évolution technologique qui est le résultat du progrès continu et de l’amélioration permanente.


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La distinction entre roman et gothique, si elle n'explique pas le pourquoi de l'évolution, fournit un repère qui facilite la navigation dans la communication lue ou écrite, tant pour l'orateur ou l’écrivain que pour l'auditeur ou le lecteur. Elle simplifie l'expression, elle économise de constantes définitions en évitant ainsi l'usage répété de lourdes et longues périphrases. C’est une conception si commode que les historiens l’emploient constamment tout en déplorant son inexactitude.


Limites de la classification roman / gothique

Dans le souci légitime d’améliorer la connaissance, ce repère est devenu une classification avec toutes les difficultés liées à la définition des critères associés. Ces caractères approximatifs, parfois subjectifs, nécessairement arbitraires (arcs plein cintres ou brisés, voûte en berceau ou en ogives, etc.) se sont vite avérés insuffisants car ils décrivent de façon trop binaire l’évolution continue de l’architecture médiévale du 11ème au 14ème siècle.

Comme dans toute étude à caractère taxinomique on s’affranchit des limites artificielles en multipliant le nombre de classes ou en introduisant des sous-classes. Sont ainsi apparus le préroman, le roman tardif, le gothique de transition, le gothique rayonnant, le gothique flamboyant. Parfois ces sous classes ont-elles mêmes été subdivisées.

Du point de vue de l’histoire de l’art il est normal de parler du "style roman" et du "style gothique", de les caractériser, de décrire leurs évolutions, de les dater et de les expliquer par rapport au contexte politique, religieux, culturel et artistique d’alors.

Du point de vue de l’ingénieur il faut comprendre pourquoi et comment on est passé d’Aulnay de Saintonge à Amiens grâce au progrès technique continu et permanent dans le contexte économique, politique et social de l’époque.

Par souci de simplification j’utiliserai parfois les termes traditionnels de cette classification roman / gothique parce qu’ils sont des repères typologiques et chronologiques commodes dans l’évolution de l’art de construire, mais je ne les utiliserai absolument pas comme signifiants des sauts technologiques majeurs. Parmi les multiples variantes existantes je retiens la classification suivante. Les dates restent bien évidemment très approximatives :

- Préroman : avant l’an mille

- Roman : 1000 - 1125

- Gothique primitif (ou de transition) : 1125 – 1175 

- Gothique classique : 1175 - 1250

- Gothique rayonnant : 1250 - 1350

- Gothique flamboyant : 1350  - 1500 (parfois appelé aussi gothique tardif)

- Néo-gothique : XIXème siècle