Comme beaucoup
j’ai
découvert au gré d’excursions et de voyages le charme
des églises du Moyen Age, romanes ou gothiques. Sensible
aux émotions qu’elles suscitent,
j’étais
intrigué par
de
multiples détails énigmatiques. Des
amis, des guides, des conférenciers m’ont expliqué
certains d’entre
eux pour
mieux
en comprendre le sens et l’utilité. Tout cela m’a
apporté des éclairages ponctuels, des flashs isolés sans
liens entre eux. De nombreux ouvrages de vulgarisation
m’ont éclairé sur le contexte historique, religieux,
artistique et politique dans lequel ces édifices ont été
conçus et construits.
Pendant quelques
années
je visitai beaucoup d’églises dans toute la France en
m’aidant de documents écrits par d’éminents historiens
de l’art, français
et
étrangers. Certains donnaient parfois des explications
techniques sur les principes adoptées et les solutions
appliquées par les architectes d’alors.
Mais ces explications demeuraient insuffisantes
pour satisfaire ma curiosité d’ingénieur qui me poussait
à vouloir comprendre pourquoi telle disposition avait
été retenue plutôt qu’une autre, pourquoi une solution
appliquée durant plusieurs décennies avait été ensuite
abandonnée, quels avaient été tous les moteurs de
l’évolution qui ont conduit à ériger des édifices aussi
impressionnants que Beauvais ou Amiens.
Un aspect qui me gênait dans ces ouvrages était
l’opposition, parfois brutale, entre le style roman et
le style gothique qui laissait
supposer
qu’il
y a eu une rupture à la fois dans les intentions de
l’architecte et dans les techniques utilisées. Or
l’histoire montre que la science et les applications
techniques qui en découlent, évoluent de façon continue
et que ce sont les effets de l’application des
techniques qui peuvent provoquer la
sensation
de rupture visible par
tout le monde. Je sentais donc le besoin de comprendre
pourquoi et comment l’architecture des édifices
religieux avait si fortement évolué du point de vue
technologique durant trois siècles.
Sur les conseils d’un ami j’ai commencé à lire les
ouvrages de l’éminent architecte australien John James
qui a consacré sa vie à étudier, sur le plan technique,
la construction des églises romanes et gothiques françaises
et
notamment la cathédrale de Chartes. J’ai
rapidement pris conscience qu’il me manquait les bases
et les fondamentaux pour réellement bien comprendre son
approche technique qui pouvait, a priori, répondre en
partie à mes attentes.
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